Жозе Мария де Эредиа

Et montant au soleil, en son vivant foyer

Nos deux esprits iront se fondre et se noyer

Dans la félicité des flammes éternelles;

Cependant que sacrant le poète et l’ami,

La Gloire nous fera vivre à jamais parmi

Les Ombres que la Lyre a faites fraternelles.

Ton front marmoréen, ta démarche si fière

Et de tes yeux profonds l’insoutenable ardeur

Font plier mon orgueil sous ta calme grandeur

Je te crains et je t’aime ô douce meurtrière

Lorsque la sombre croix sur nous sera plantée,

La terre nous ayant tous deux ensevelis,

Ton corps refleurira dans la neige des lys

Et de ma chair naîtra la rose ensanglantée.

Et la divine Mort que tes vers ont chantée

En son vol noir chargé de silence et d’oublis,

Nous fera par le ciel, bercés d’un lent roulis,

Vers des astres nouveaux une route enchantée.

Et je croirais parfois, ô terrible Beauté,

Voir en toi l’Amazone à l’unique mamelle

Dont le coeur ne bat plus que pour la cruauté

Si je ne sentais pas, ô fraîche nouveauté!

Pointer sur ce sein où la fleur au fruit se mêle

Les boutons rougissants d’une rose jumelle.

Et le Romain sentait sous la lourde cuirasse,

Soldat captif berçant le sommeil d’un enfant,

Ployer et défaillir sur son cœur triomphant

Le corps voluptueux que son étreinte embrasse.

Tournant sa tête pâle entre ses cheveux bruns

Vers celui qu’enivraient d’invincibles parfums

Elle tendit sa bouche et ses prunelles claires

Et sur elle courbé, l’ardent Imperator

Vit dans ses larges yeux étoilés de points d’or

Toute une mer immense où fuyaient des galères.